On le sait, le changement climatique a des impacts significatifs sur les mers et les océans. La biodiversité est soumise à rude épreuve.
Comme l’indique l’Office français de la biodiversité, 66% des milieux marins sont détériorés. De plus, 30% des herbiers marins, de fabuleux habitats naturels, ont été détruits au XXe siècle. Ajoutons encore la menace qui pèse sur 33% des récifs coralliens et sur le tiers des mammifères marins.
Quelle est la cause première de ce péril ? Vous l’avez deviné : l’espèce humaine qui, tout en provoquant une extinction de masse, assombrit son propre avenir. En effet, quels seront nos moyens de subsistance dans le futur ? Quelle vie mènerons-nous ainsi que nos enfants ?
Dans le domaine halieutique, on se demande comment agir pour protéger ces écosystèmes alors même que de nombreux pêcheurs vivent de leur activité. Quelles mesures peuvent être mises en place ?
En premier lieu, il est primordial de se concentrer sur la recherche scientifique. La connaissance des espèces et des liens qu’elles entretiennent permet :
- De comprendre les conséquences du changement climatique
- De protéger les zones les plus fragiles
- De prévenir les différents types de pollution.
Prenons l’exemple de ce très bon guide venant de La Communauté du Pacifique, à qui nous dédions cet article pour mettre en valeur cet excellent travail. Ce guide publié en 2006 qui a pour objectif d’associer les pêcheurs à la recherche scientifique pour pérenniser leur activité. Cette initiative a pris la forme d’un guide qui aide ces professionnels à reconnaître les espèces capturées et à les noter sur des fiches de pêche qui serviront ensuite aux chercheurs. Mais il peut aussi être d’une grande utilité pour les observateurs embarqués.
Le guide de la Communauté du Pacifique
Son petit nom est plus exactement “Manuel d’identification des espèces marines destiné aux pêcheurs à la palangre horizontale” ( ou à télécharger directement sur leur site ici ). Kézako ?
Ce guide est conçu pour les pêcheurs de thon à la palangre, c’est-à-dire ceux qui utilisent une longue ligne principale (qui flotte grâce à des bouées réparties le long de cette ligne) qui est elle-même composée d’une multitude de fils de pêche composés d’hameçons.
Voici quelques illustrations de GreenPeace expliquant ce procédé et leurs impacts, ainsi qu’un article de Sharks Mission France :
À la demande des autorités publiques, les pêcheurs doivent remplissent des fiches de pêche pour contrôler leurs prises. On y trouve un identifiant unique, la désignation du navire, le secteur de pêche, le type de navire utilisé ainsi que la date et la signature du capitaine de navire. Mais le plus important : on doit indiquer les espèces débarquées et celles rejetées avec leur nom commun et leur code FAO à trois chiffres, ainsi que leur poids.
Encore faut-il connaître les espèces en question. Si les pêcheurs ne parviennent pas à les identifier, ils les relâchent sans les consigner. D’où la nécessité de ce guide.
Ce dernier préconise aussi de noter les poissons endommagés qui ont été capturés. Leurs restes et la manière dont ils ont été meurtris permettent d’en apprendre davantage sur les relations entre les prédateurs et leurs proies.
L’étude des espèces dans l’Océan Pacifique est indispensable étant donné que c’est le plus profond et le plus grand océan de la planète, qu’il fournit 65% des stocks de thons à l’échelle mondiale et qu’il est un milieu d’une diversité exceptionnelle, mais menacée.
Les espèces décrites dans cette clé de détermination de faune maritime
En plus des espèces ciblées par les pêcheurs, comme c’est ici le cas du thon, le guide donne également une description des prises accessoires, c’est-à-dire celles qui n’ont pas d’intérêt économique ou qui sont protégées. Des légendes accompagnent les illustrations. En outre, les espèces voisines sont mises en regard pour pouvoir les comparer plus facilement.
Prenons l’exemple du makaire bleu et du marlin rayé.
Ce sont deux poissons qui se ressemblent beaucoup. Seule la proportion de la nageoire par rapport au reste du corps permet de les différencier. Le manuel s’avère alors très utile pour établir des comparaisons sur le terrain.
Mais les prises accessoires ne se limitent pas aux poissons. On rencontre par exemple des tortues ou bien des requins. Le problème principal est qu’une fois pris dans les filets de la palangre, s’ils restent accrochés, ils ne survivent pas. C’est pourquoi, pour une pêche écoresponsable, il est demandé aux professionnels de les libérer ainsi que d’éviter les zones à forte concentration.
Les pêcheurs, avant de les relâcher, doivent les identifier. On peut facilement confondre, à titre d’illustration, le requin à pointes blanches et le requin océanique, car ils ont tous deux des extrémités blanches.
Toutefois, on remarque que les requins océaniques ont les nageoires principales plus arrondies que la première espèce. Ce détail sera donc à prendre en compte par les observateurs pour éviter toute erreur.
Le rôle des observateurs embarqués
Pour mieux connaître encore les liens entre les activités de pêche et les écosystèmes, des personnes ayant reçu une formation scientifique spécifique accompagnent les pêcheurs.
Elles sont appelées observateurs embarqués ou des pêches. Leur rôle premier est d’examiner les captures à partir d’échantillons, que les prises soient ciblées ou accessoires, débarquées ou rejetées. Ils suivent un procédé scientifique précis.
Ils procèdent en premier lieu à l’identification de l’espèce en question. Ils la pèsent et la mesurent. Puis ils recensent tous les spécimens analysés.
L’observateur doit à la fois agir de manière discrète pour ne pas gêner l’activité halieutique, mais aussi rigoureuse pour faciliter le travail des chercheurs en aval.
En effet, une fois les données vérifiées et anonymisées, des experts, des chercheurs ou d’autres professionnels les utilisent à des fins de gestion, d’évaluation et d’accroissement des connaissances.
Si vous souhaitez vous aussi contribuer à la protection de l’environnement et à la valorisation d’une pêche durable, devenez observateur embarqué ! C’est un métier peu connu et qui est pourtant très porteur. De plus, beaucoup d’observateurs évoluent ensuite vers des postes de cadres, de formateurs ou de responsables de programmes d’observation.
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