Les zones humides sont des écosystèmes complexes et fascinants où l’eau est l’élément principal, influençant à la fois la flore et la faune qui y vivent. Elles jouent un rôle crucial dans la régulation du cycle de l’eau, la filtration des polluants et la fourniture d’habitats pour de nombreuses espèces. D’ailleurs, les zones humides sont parmi les écosystèmes les plus riches et les plus diversifiés au monde. Dans ce sens, elles sont également d’une grande importance pour l’humain, offrant de nombreux services écosystémiques et contribuant à la régulation du climat.
C’est pourquoi il est important de protéger les zones humides et de les intégrer dans une procédure de gestion des Espaces Naturels Protégés. L’OFB a d’ailleurs consacré toute une méthode d’évaluation de ces zones (disponible aussi ici).
Dans cet article, nous explorerons l’écologie des zones humides, leur importance, les enjeux liés à leur conservation et les espèces présentes. Vaste programme n’est-ce pas ? Mais il faut bien tout cela pour ces espaces très importants dans l’équilibre naturel, et vous découvrirez pourquoi juste après cette partie sur leurs définitions et caractéristiques. Alors, en avant !
Introduction aux zones humides
Définition et caractéristiques des zones humides
Les zones humides sont des écosystèmes caractérisés par la présence d’eau, soit de façon permanente, soit temporaire.
Elles incluent une variété d’habitats tels que les marais, les tourbières, les lacs, les rivières et les estuaires.
Selon la Convention de Ramsar, une zone humide est définie comme suit : « Les étendues de marais, de fagne, de tourbière ou d’eau naturelle ou artificielle, permanente ou temporaire, stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres. » Les zones humides sont des écosystèmes complexes et dynamiques qui présentent une grande diversité biologique et offrent de nombreux services écosystémiques essentiels (source : Ramsar Convention on Wetlands).
Et pour une définition en vidéo, voici l’excellente enquête de Ophélie – Ta Mère Nature :
Importance des zones humides pour la biodiversité et les services écosystémiques
Les zones humides sont importantes car elles remplissent différents services écosystémiques, dont celui de régulation hydrologique, de stockage de carbone, de purification de l’eau et enfin d’habitats pour la faune et la flore. Commençons par le service de régulation hydrologique.
Régulation hydrologique.
Les zones humides jouent un rôle crucial dans la régulation hydrologique en stockant et en libérant de l’eau, ce qui contribue à la prévention des inondations et à la recharge des nappes phréatiques. Elles agissent comme des éponges, absorbant les excès d’eau pendant les périodes de fortes pluies et les libérant lentement pendant les périodes de sécheresse, assurant ainsi un approvisionnement constant en eau pour les écosystèmes et les communautés humaines (source : Millennium Ecosystem Assessment.)
Stockage du carbone.
Les zones humides, en particulier les tourbières, sont d’importants puits de carbone, stockant d’énormes quantités de carbone sous forme de matière organique dans leurs sols. En préservant et en restaurant les zones humides, nous pouvons contribuer à atténuer le changement climatique en séquestrant davantage de carbone et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (source : Wetlands International).
Purification de l’eau.
Les zones humides contribuent également à la purification de l’eau en filtrant les polluants et les sédiments, améliorant ainsi la qualité de l’eau pour les écosystèmes aquatiques et les populations humaines. Les plantes aquatiques et les sols des zones humides absorbent et décomposent les substances nocives, telles que les nutriments en excès, les métaux lourds et les produits chimiques.
Cela paraît être une solution “magique” à beaucoup de problèmes. Voici quelques exemples de succès :
Un exemple de la capacité des zones humides à purifier l’eau est le traitement naturel des eaux usées. Les zones humides peuvent en effet éliminer les contaminants présents dans l’eau, tels que les nutriments, les métaux lourds et les pathogènes, par des processus biologiques, chimiques et physiques.
Un projet bien connu pour illustrer cela est la station d’épuration naturelle de la ville d’Arcata, en Californie (États-Unis). La ville d’Arcata a créé une série de marais artificiels pour traiter les eaux usées de la ville et fournir un habitat pour la faune. Les marais fonctionnent comme un système d’épuration biologique qui élimine les contaminants grâce à la décomposition bactérienne et à l’absorption par les plantes.
Selon une étude réalisée par la National Research Council des États-Unis, les zones humides peuvent éliminer entre 20 et 60 % de l’azote et 70 à 90 % du phosphore dans les eaux usées (National Academies Press, 2012). Cela démontre l’efficacité des zones humides dans la purification de l’eau et la réduction de la pollution par les nutriments. En outre, les zones humides ont également la capacité de réduire la charge bactérienne dans l’eau, contribuant ainsi à la réduction des risques pour la santé publique associés à la contamination de l’eau.
Source : US EPA & The National Academies Press
Habitats pour la faune et la flore.
Les zones humides sont des habitats essentiels pour une grande diversité d’espèces animales et végétales, y compris de nombreuses espèces menacées et en voie de disparition. Elles offrent des sites de reproduction, de nourrissage et de repos pour diverses espèces d’oiseaux migrateurs, des poissons, des amphibiens et des mammifères. Les zones humides constituent également des zones de pêche importantes, fournissant des ressources alimentaires et des moyens de subsistance pour les communautés humaines. En outre, elles soutiennent de nombreux services écosystémiques tels que la pollinisation, la décomposition de la matière organique et la régulation des populations de ravageurs.
Selon le World Wildlife Fund, les zones humides sont l’habitat de près de 40 % des espèces mondiales et soutiennent 12 % des espèces de poissons d’eau douce. En outre, environ 40 % des oiseaux migrateurs du monde dépendent des zones humides pour se reproduire, se nourrir et se reposer lors de leurs migrations. Ces chiffres démontrent l’importance cruciale des zones humides pour la préservation de la biodiversité.
Les zones humides sont donc des écosystèmes vitaux qui fournissent de nombreux services écosystémiques et abritent une riche biodiversité. Leur conservation et leur gestion durable sont essentielles pour le bien-être des écosystèmes et des populations humaines. En étudiant et en comprenant les zones humides, nous pouvons contribuer à leur protection et à leur restauration pour les générations futures.
Source : IUCN & World Wildlife Fund
Compétences naturalistes pour l’étude des zones humides
Il vaut mieux vous prévenir tout de suite, les zones humides nécessitent une multitude de compétences en raison de l’importante biodiversité qu’elles peuvent accueillir. Ceci, en fonction de facteurs tels que la taille de la zone humide, l’emplacement, le climat, la qualité de l’eau et la présence de perturbations humaines.
En effet, voici quelques estimations générales :
- Plantes : Dans une zone humide avec une faible diversité végétale, vous pourriez trouver au moins 5 à 10 espèces de plantes. Dans une zone humide très diverse, ce nombre pourrait atteindre 200 à 300 espèces, voire plus.
- Animaux : Une zone humide avec une faible diversité animale pourrait abriter au moins 5 à 10 espèces, tandis qu’une zone humide très diverse pourrait accueillir plus de 100 espèces d’animaux, y compris des oiseaux, des amphibiens, des poissons et des mammifères.
- Insectes : Dans une zone humide présentant une faible diversité d’insectes, vous pourriez trouver au moins 10 à 20 espèces. Dans une zone humide très diverse, ce nombre pourrait être de l’ordre de plusieurs centaines d’espèces d’insectes.
- Arbres : Une zone humide avec une faible diversité d’arbres pourrait contenir seulement 1 à 5 espèces d’arbres, tandis qu’une zone humide très diverse, comme une forêt humide, pourrait abriter plusieurs dizaines d’espèces d’arbres.
Les zones humides peuvent donc contenir des milliers d’espèces. Cela représente une vaste connaissance, mais ne vous découragez pas car il n’est pas forcément nécessaire de les connaître toutes. Bien au contraire, certains experts choisissent même de se spécialiser sur une seule ou plusieurs espèces, et cela permet d’aboutir à des avancées très intéressantes en matière de connaissance des espèces choisies.
Pour autant, vous comprenez ainsi qu’il est difficile de détailler dans cet article toutes les espèces présentes dans les zones humides. Cependant, nous allons vous apporter les connaissances principales, ainsi que des exemples pour vous inciter à aller plus loin et mener vos propres recherches.
Commençons par les compétences techniques spécifiques aux zones humides.
Les compétences techniques spécifiques à l’étude des zones humides
Pour se spécialiser dans le domaine des zones humides, il est important de maîtriser plusieurs outils et compétences techniques. Voici quelques exemples :
- La cartographie : la cartographie est essentielle pour la gestion et la conservation des zones humides. Les professionnels doivent être capables de créer des cartes précises des zones humides, notamment en utilisant des outils de télédétection, tels que les images satellites.
- La mesure des paramètres environnementaux : pour comprendre les processus écologiques dans les zones humides, il est important de mesurer les paramètres environnementaux tels que la qualité de l’eau, la température, l’humidité du sol, etc. Les professionnels doivent être capables d’utiliser des équipements de mesure tels que les sondes, les thermomètres, les hygromètres, etc.
- Écologie des écosystèmes : l’écologie des écosystèmes est l’étude des interactions entre les organismes et leur environnement. Les zones humides sont des écosystèmes complexes qui abritent une grande diversité d’espèces et sont sensibles aux perturbations environnementales. Ainsi, la compréhension de l’écologie des écosystèmes est essentielle pour la gestion et la conservation des zones humides. Par exemple, la suppression des arbres dans les zones humides peut affecter la composition de la communauté des plantes et des animaux qui y vivent.
En outre, les changements climatiques peuvent affecter la qualité de l’eau et les habitats des espèces dans les zones humides. La restauration des zones humides est une approche qui peut aider à maintenir et à rétablir l’écologie des écosystèmes des zones humides. Par exemple, la restauration de la zone humide du Sud de la Floride a permis d’augmenter la population de la grue blanche de Floride, une espèce en danger critique d’extinction (source : SER International Primer on Ecological Restoration).
- La surveillance des espèces : la surveillance des espèces, y compris les plantes, les animaux et les insectes, est essentielle pour la gestion et la conservation des zones humides. Les professionnels doivent être capables de suivre et d’identifier les espèces à l’aide d’outils tels que des jumelles, des guides d’identification, des appareils photo et des enregistreurs sonores.
- La gestion des habitats : la gestion des habitats des zones humides est importante pour maintenir la biodiversité et la santé de l’écosystème. Les professionnels doivent être capables de planifier et de mettre en œuvre des actions de gestion, telles que la restauration de zones humides dégradées, l’aménagement de zones tampons, la gestion des espèces envahissantes, etc.
- Communication : la communication est essentielle pour sensibiliser le public aux enjeux des zones humides et obtenir le soutien des parties prenantes pour la conservation et la gestion de ces écosystèmes. Les professionnels doivent être capables de communiquer efficacement avec les communautés locales, les propriétaires fonciers, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, etc.
En plus de ces compétences techniques, il est également important pour les professionnels de développer une solide connaissance des écosystèmes de zones humides, des lois et des réglementations applicables, ainsi que des problèmes environnementaux et des enjeux sociaux liés à la gestion et à la conservation des zones humides.
Botanique des zones humides
La botanique est essentielle pour étudier la végétation des zones humides, qui sont souvent caractérisées par une diversité d’espèces de plantes aquatiques et semi-aquatiques. Par exemple, la Camargue en France abrite plus de 400 espèces de plantes vasculaires, dont certaines sont endémiques ou protégées.
Plantes aquatiques et semi-aquatiques.
Les plantes aquatiques et semi-aquatiques sont les espèces les mieux adaptées aux conditions de vie en zone humide. Les plantes aquatiques sont entièrement submergées dans l’eau, tandis que les plantes semi-aquatiques ont une partie de leur structure hors de l’eau, comme les roseaux et les nénuphars.
- Les roseaux sont des plantes semi-aquatiques qui se développent dans les zones humides peu profondes. Ils sont très résistants et peuvent tolérer des conditions environnementales difficiles, comme les inondations, la sécheresse et les températures extrêmes. Les roseaux sont très importants dans les zones humides car ils jouent un rôle important dans la filtration des polluants et la régulation des niveaux d’eau.
- Les nénuphars sont des plantes aquatiques qui flottent sur la surface de l’eau et ont des feuilles larges et rondes. Ils sont très importants dans les zones humides car ils fournissent de l’ombre et de la nourriture pour de nombreux animaux aquatiques tels que les poissons et les tortues. Les nénuphars ont également des propriétés médicinales et sont utilisés dans la médecine traditionnelle pour traiter les maladies de la peau et les troubles digestifs.
Arbres et arbustes.
Les arbres et les arbustes sont également importants dans les zones humides car ils fournissent de l’habitat pour de nombreux animaux terrestres et aquatiques. Les arbres et arbustes les plus couramment trouvés dans les zones humides sont les saules et les aulnes.
- Les saules sont des arbres à feuilles caduques qui poussent dans les zones humides. Ils ont une croissance rapide et peuvent tolérer des conditions environnementales difficiles, comme les inondations et les sols pauvres en nutriments. Les saules sont également importants dans les zones humides car ils fournissent de l’ombre et de la nourriture pour de nombreux animaux terrestres et aquatiques tels que les oiseaux et les insectes.
- Les aulnes sont des arbustes ou des arbres à feuilles caduques qui poussent dans les zones humides. Ils ont une croissance rapide et peuvent tolérer des conditions environnementales difficiles, comme les inondations et les sols pauvres en nutriments. Les aulnes sont également importants dans les zones humides car ils fournissent de l’habitat pour de nombreux animaux terrestres et aquatiques tels que les insectes et les petits mammifères.
Outils et guide naturaliste :
Voici un guide qui vous permettra d’approfondir vos connaissances naturalistes sur les espèces de plantes qui se développent en zone humide (disponible aussi ici), réalisé par le Centre régional de phytosociologie agréé Conservatoire botanique national de Bailleul.
Et pour aller plus loin dans la détermination des espèces grâce à quelques outils (Tela-Botanica, PlantNet), suivez les indications de notre autre article juste ici.
Entomologie des zones humides
L’entomologie est cruciale pour comprendre les rôles écologiques des insectes et autres invertébrés aquatiques dans les zones humides. Par exemple, les larves de libellules sont d’importants prédateurs dans les écosystèmes aquatiques et aident à réguler les populations de moustiques. D’ailleurs, les zones humides abritent environ 10 % des espèces d’invertébrés d’eau douce du monde.
Voici quelques espèces principales :
Les larves de libellules (Odonates), par exemple, sont des prédateurs très efficaces dans les zones humides. Elles se nourrissent d’autres insectes aquatiques, tels que les moustiques, les mouches et les punaises d’eau. Les larves de libellules sont également une source importante de nourriture pour de nombreux animaux, tels que les poissons, les grenouilles et les oiseaux.
D’autres insectes aquatiques ont également un rôle important dans les zones humides. Les coléoptères, tels que les dytiques, les scarabées d’eau et les géotrupes, sont des prédateurs d’insectes et de petits animaux aquatiques. Les éphémères, les plécoptères et les trichoptères sont des insectes aquatiques herbivores qui se nourrissent d’algues et de débris végétaux dans les zones humides.
Les insectes aquatiques ont également un rôle important dans la régulation du cycle de l’eau et la filtration des polluants. Les larves de certains insectes, tels que les trichoptères, se nourrissent d’algues et d’autres matières organiques en suspension dans l’eau. En consommant ces matières organiques, ils contribuent à la purification de l’eau.
Enfin, les insectes aquatiques sont utilisés comme indicateurs de la qualité de l’eau dans les zones humides. Certains insectes sont très sensibles à la pollution de l’eau, tandis que d’autres sont plus résistants. Les scientifiques peuvent utiliser la présence ou l’absence de certains insectes aquatiques pour évaluer la qualité de l’eau dans les zones humides.
Quelques outils :
Vous trouverez ici une revue de la Société Nationale de Protection de la Nature, présentant des réflexions intéressantes autour des zones humides (disponible aussi ici). Notamment, quelques exemples de différentes espèces d’insectes présentes en zones humides.
Ici, vous aurez accès à un guide technique de l’Office pour les Insectes et leur Environnement pour aborder la gestion conservatoire en faveur des Odonates, très étudiées dans les zones humides (disponible aussi ici).
Et pour améliorer vos connaissances en odonatologie, voici une clé de détermination interactive des Odonates, une autre clé de détermination de la SNPN (disponible aussi ici), et enfin le plan national d’actions 2011-2015 pour leur préservation (disponible aussi ici).
Ornithologie des zones humides
Les zones humides sont d’importants habitats pour les oiseaux, notamment les espèces migratrices. Environ 50 % des espèces d’oiseaux d’eau dépendent des zones humides pour se reproduire, se nourrir et se reposer lors de leurs migrations. Par exemple, la réserve naturelle nationale de la Baie de Somme en France accueille chaque année plus de 300 espèces d’oiseaux migrateurs, dont la spatule blanche, le bécasseau sanderling et le canard siffleur.
Compétences à développer pour se spécialiser dans ce domaine :
- La capacité à identifier les espèces d’oiseaux, en particulier ceux qui sont associés aux zones humides. Cela pourrait inclure la reconnaissance des caractéristiques physiques, telles que la taille, la forme du bec, les marques et les couleurs.
- La connaissance des habitats et des comportements des oiseaux dans les zones humides, y compris leur saisonnalité, leur régime alimentaire et leur comportement de reproduction.
- La capacité à utiliser des outils tels que des jumelles, des guides d’identification des oiseaux et des enregistrements sonores pour repérer et identifier les oiseaux dans leur habitat naturel.
- La compréhension de la place des oiseaux dans les écosystèmes et de leur importance dans la régulation de la chaîne alimentaire et de la biodiversité dans les zones humides.
- La capacité à recueillir des données sur les populations d’oiseaux, telles que les dénombrements et les comportements, afin d’évaluer la santé de l’écosystème et d’identifier les menaces potentielles pour les populations d’oiseaux.
- La sensibilisation aux questions de conservation des zones humides et de la protection des habitats des oiseaux, y compris la réglementation des activités humaines qui pourraient nuire à ces écosystèmes et à leur faune.
Quelques outils :
Voici les résultats d’une étude ornithologique réalisée en France par Wetlands International et la Ligue de Protection des Oiseaux, concernant le comptage des oiseaux des zones humides en 2022 (disponible aussi ici). En plus de vous apporter une liste significative des oiseaux présents dans les zones humides (à vous de rechercher les clés d’identification des espèces qui vous intéresse), cette étude vous montre également l’état des populations.
Cette étude fait partie d’une campagne de recensement plus large (à l’échelle mondiale) menée par Wetlands International.
Voici un document de l’ERNX (Espaces Naturels Régionaux) démontrant un lien entre la présence des oiseaux et la bonne santé des zones humides en France (disponible aussi ici). Il apporte aussi quelques conseils pour réaliser un inventaire de la zone humide concernée.
Voyons maintenant la compétence suivante : Herpétologie !
Herpétologie des zones humides
Les zones humides sont des habitats clés pour les amphibiens et les reptiles. Par exemple, la mare temporaire est un habitat essentiel pour la reproduction de nombreuses espèces de grenouilles et de tritons, comme la grenouille agile et le triton crêté. Environ 20 % des espèces d’amphibiens dépendent des zones humides pour se reproduire. Source : AmphibiaWeb.
Voici quelques exemples d’espèces que l’on peut trouver dans les zones humides :
- Amphibiens :
- Les grenouilles vertes (Pelophylax spp.) : ces grenouilles sont communes dans les zones humides d’Europe et se nourrissent d’insectes et d’autres petits animaux.
- Les crapauds communs (Bufo bufo) : ces crapauds se reproduisent dans les étangs et les mares des zones humides et se nourrissent d’insectes et de petits animaux.
- Les salamandres tachetées (Salamandra salamandra) : ces salamandres se trouvent dans les zones humides boisées et se nourrissent d’insectes et de petits animaux.
- Reptiles :
- Les lézards verts (Lacerta bilineata et Lacerta viridis) : ces lézards se trouvent dans les zones humides d’Europe et se nourrissent d’insectes et d’autres petits animaux.
- Les couleuvres à collier (Natrix natrix) : ces serpents sont communs dans les zones humides et se nourrissent de grenouilles, de poissons et d’autres animaux aquatiques.
- Les tortues de Floride (Trachemys scripta) : ces tortues exotiques sont souvent relâchées dans les zones humides et peuvent causer des problèmes environnementaux.
Ces espèces ne sont qu’un échantillon de la grande diversité d’amphibiens et de reptiles qui peuplent les zones humides. Il est important de noter que certaines espèces peuvent être menacées en raison de la destruction de leur habitat naturel ou d’autres facteurs environnementaux. La préservation des zones humides est donc essentielle pour la protection de ces espèces.
Quelques outils :
Voici un document réalisé par Anthropologia et la Métropole de Lyon qui centralise des connaissances spécifiques sur les Amphibiens observables dans le Rhône (disponible aussi ici).
Et vous trouverez ici un autre document (de la Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent) particulièrement intéressant sur les amphibiens et les reptiles au Québec (disponible aussi ici).
Ichtyologie des zones humides
Les zones humides abritent de nombreuses espèces de poissons d’eau douce, qui y trouvent des habitats pour la reproduction et la croissance. Par exemple, le brochet et la carpe dépendent des zones inondées pour pondre leurs œufs et se nourrir. Les zones humides abritent environ 12 % des espèces de poissons d’eau douce du monde. Il existe donc de nombreuses autres espèces de poissons d’eau douce qui peuplent les zones humides.
Voici quelques exemples d’espèces :
- La truite commune (Salmo trutta) : un poisson emblématique des cours d’eau d’Europe, qui se reproduit dans les zones humides à courant rapide.
- Le gardon (Rutilus rutilus) : un poisson commun dans les rivières et les lacs des zones humides, qui se nourrit d’insectes, de crustacés et de plantes.
- La perche (Perca fluviatilis) : un poisson prédateur qui se trouve dans les zones humides d’Europe et se nourrit d’insectes, de crustacés et de petits poissons.
- Le sandre (Sander lucioperca) : un poisson prédateur qui vit dans les rivières et les lacs des zones humides, où il chasse des poissons plus petits.
- Le poisson-chat (Ictalurus punctatus) : un poisson d’eau douce originaire d’Amérique du Nord, qui a été introduit dans de nombreuses zones humides à travers le monde.
En plus de ces espèces, les zones humides abritent également des poissons migrateurs tels que le saumon, la truite de mer et l’anguille. Les poissons migrateurs ont besoin de zones humides pour se reproduire et se nourrir avant de retourner dans les océans où ils passent la plupart de leur vie.
Il est important de noter que de nombreuses espèces de poissons d’eau douce sont menacées en raison de la pollution, de la perte d’habitats et de la surpêche. La préservation et la restauration des zones humides sont donc essentielles pour protéger ces espèces et maintenir la biodiversité aquatique.
Source : FishBase (système international de données de biodiversité concernant les poissons).
Quelques outils et guides :
Commençons par ce guide du Pôle Relais Zones Humides sur les espèces de poissons en zones humides (disponible aussi ici).
Par ailleurs, voici un guide sur les espèces ciblées par la pêche à la palangre dans le pacifique (réalisé par la Communauté du Pacifique), à trouver sur notre article juste ici.
Et pour finir, voici la base de donnée FishBaseV4 qui comporte une impressionnante liste d’espèces de poissons pouvant servir à leur détermination.
Écologie des mammifères présents en zones humides
Les mammifères terrestres et semi-aquatiques trouvent également refuge dans les zones humides. Par exemple, le castor européen et la loutre d’Europe dépendent des zones humides pour se nourrir, se reproduire et construire leurs terriers. Environ 5 % des espèces de mammifères dépendent des zones humides pour leur survie (source : IUCN Red List).
Voici une revue de la Société nationale de protection de la nature qui vous donnera une idée des espèces de mammifères présentes dans les zones humides (disponible aussi ici).
Hydrologie et zones humides
L’hydrologie est l’étude de l’eau dans les écosystèmes. Les zones humides sont des écosystèmes qui dépendent étroitement de l’eau, car elles sont caractérisées par une saturation en eau ou une présence d’eau proche de la surface tout au long de l’année. Ainsi, la compréhension de l’hydrologie est essentielle pour la gestion et la conservation des zones humides.
Par exemple, la réduction des flux d’eau peut nuire à la survie des espèces d’organismes aquatiques qui dépendent des zones humides.
En outre, la quantité et la qualité de l’eau affectent la croissance des plantes dans les zones humides. Environ 40 % des espèces menacées aux États-Unis dépendent des zones humides pour leur survie (Source : USGS Water Science School).
Pédologie et zones humides
La pédologie est l’étude des sols et de leur formation. Les sols des zones humides sont caractérisés par une forte saturation en eau, ce qui affecte leur formation et leur composition.
Par exemple, les sols des zones humides ont une teneur élevée en matière organique, car la saturation en eau empêche la décomposition complète des débris végétaux.
En outre, les sols des zones humides peuvent être anoxiques, ce qui signifie qu’ils ont une faible teneur en oxygène. Cela peut affecter la croissance des plantes, car les racines ont besoin d’oxygène pour se développer. Par conséquent, la pédologie est importante pour comprendre les processus de formation des sols dans les zones humides et pour la gestion de ces écosystèmes (Source : World Reference Base for Soil Resources).
Et voilà, vous avez vu toutes les compétences à développer concernant les zones humides. Poursuivons maintenant avec la dernière partie de cet article : la gestion et la restauration des zones humides !
Gestion et restauration des zones humides
Gestion, législation et politiques environnementales des zones humides
La gestion et la conservation des zones humides sont encadrées par des législations et des politiques environnementales à l’échelle internationale, régionale et nationale. Voici les législations et politiques les plus importantes à connaître :
- Convention de Ramsar (1971) : La Convention de Ramsar sur les zones humides est un accord international qui vise à protéger les zones humides et à encourager leur utilisation durable. La convention a été adoptée en 1971 dans la ville iranienne de Ramsar et est entrée en vigueur en 1975. Elle est actuellement ratifiée par 171 pays. Les pays signataires de la convention s’engagent à identifier, désigner et gérer les zones humides dans leur pays (source : Ramsar Convention on Wetlands).
- Directive européenne sur les habitats (1992) : La directive européenne sur les habitats est une législation de l’Union européenne adoptée en 1992. Elle vise à protéger les habitats naturels et les espèces sauvages menacées d’extinction en Europe. La directive couvre un large éventail d’habitats naturels, y compris les zones humides. Les États membres de l’Union européenne sont tenus de désigner et de protéger des sites Natura 2000 pour protéger ces habitats et espèces.
- Loi sur l’eau et les milieux aquatiques (2006) en France : La Loi sur l’eau et les milieux aquatiques a été adoptée en France en 2006. Elle vise à protéger les ressources en eau et les milieux aquatiques, y compris les zones humides. La loi impose des restrictions sur les activités qui pourraient affecter la qualité de l’eau et les habitats des espèces dans les zones humides, telles que la construction de barrages, la pêche et l’agriculture. La loi encourage également la restauration et la création de zones humides pour améliorer la qualité de l’eau et fournir des habitats pour la faune et la flore.
Ces lois et politiques environnementales ont été mises en place pour protéger les zones humides et leurs écosystèmes associés. La mise en œuvre de ces lois et politiques est essentielle pour assurer la conservation et la restauration des zones humides dans le monde, et donc leur bonne gestion.
À titre d’information, vous trouverez ici un document officiel gouvernemental pour la prise en compte du volet Zone Humide dans les dossiers loi sur l’eau (disponible aussi ici). Nous vous conseillons de vous l’approprier afin de comprendre comment les zones humides sont gérées au niveau national.
Méthodes et techniques de restauration des zones humides
Développer dans un article les techniques de restauration n’est pas forcément adapté, tellement les notions et les protocoles à suivre sont denses, précis et nombreux. Ainsi, ce que nous avons réalisé dans cette section est une présentation résumée. Si vous désirez aller plus loin, nous vous proposons de suivre le Mastère d’Ingénierie Écologique, option Gestion et Restauration des Écosystèmes.
Voici quelques méthodes techniques utilisées pour gérer et restaurer les zones humides :
- Restauration de zones humides dégradées : il s’agit de réhabiliter les zones humides qui ont subi des perturbations environnementales, telles que la pollution, la perte d’habitats et la dégradation de la qualité de l’eau. Les techniques utilisées peuvent inclure la suppression de débris et d’espèces envahissantes, la réintroduction d’espèces natives, la restauration de la végétation, la réhabilitation des sols et la gestion des niveaux d’eau.
- Protection des zones humides existantes : cela implique la mise en place de mesures pour protéger les zones humides des activités humaines qui pourraient les endommager ou les détruire, telles que la construction, l’agriculture et la déforestation. Les mesures de protection peuvent inclure la mise en place de zones tampons, l’application de lois et de réglementations environnementales, et la sensibilisation du public aux enjeux de la protection des zones humides.
- Création de nouvelles zones humides : cela peut être nécessaire pour compenser la perte de zones humides existantes ou pour restaurer des zones humides qui ont été détruites. Les techniques de création de zones humides peuvent inclure la modification du paysage pour créer des bassins de rétention d’eau, la construction d’étangs et de canaux, et la plantation d’espèces végétales adaptées aux zones humides.
- Remise en état de la végétation : la restauration de la végétation dans les zones humides peut aider à stabiliser les sols, à améliorer la qualité de l’eau et à fournir un habitat pour la faune. Les techniques utilisées peuvent inclure la plantation d’espèces natives, la suppression des espèces envahissantes, la régénération naturelle et la gestion des niveaux d’eau.
- Gestion des niveaux d’eau : cela implique de maintenir les niveaux d’eau appropriés dans les zones humides pour soutenir la faune et la flore. Les techniques utilisées peuvent inclure la construction d’ouvrages de rétention d’eau, la modification de la topographie pour faciliter l’écoulement de l’eau et la gestion des flux d’eau pour imiter les processus naturels.
- Suppression des espèces envahissantes : la présence d’espèces envahissantes dans les zones humides peut menacer la biodiversité et les fonctions écologiques de l’écosystème. Les techniques utilisées pour supprimer les espèces envahissantes peuvent inclure la coupe, la brûlure, l’application d’herbicides et l’utilisation de méthodes mécaniques.
- Régénération de la faune : la restauration des populations de la faune dans les zones humides peut aider à maintenir l’équilibre écologique de l’écosystème. Les techniques utilisées peuvent inclure la réintroduction d’espèces natives, la restauration des habitats de la faune et la mise en place de mesures de protection pour les espèces en danger.
Source : Wetlands International.
Bravo, vous êtes à la fin de cet article plutôt dense, mais c’est normal, y a tellement de choses liées à ce sujet ! D’où le fait que les zones humides représentent un enjeu important pour notre génération et celles à venir.
En effet, il est essentiel de reconnaître l’importance de la conservation et de la gestion durable des zones humides pour maintenir la biodiversité, la qualité de l’eau et l’équilibre écologique dans les écosystèmes de zones humides. Les zones humides offrent de nombreux avantages économiques, sociaux et environnementaux, tels que la régulation des inondations, la production de nourriture et la fourniture d’habitat pour la faune. Cependant, les zones humides sont souvent menacées par les activités humaines telles que la déforestation, la pollution, le drainage et la construction. Par conséquent, il est crucial de mettre en place des politiques et des législations pour protéger les zones humides et leur biodiversité (source : World Wildlife Fund).
Mais alors, quid du rôle des ingénieurs écologues et autres professionnels possédant des compétences naturalites ?
Le rôle des compétences naturalistes dans l’étude et la protection des zones humides est également important. Les scientifiques et les professionnels qui travaillent dans ce domaine doivent avoir une connaissance approfondie de la géologie, de l’hydrologie, de la botanique, de l’ornithologie, de l’ichtyologie et de l’entomologie pour comprendre les écosystèmes de zones humides et les menaces qui pèsent sur eux. Les compétences naturalistes jouent donc un rôle crucial dans la conservation des zones humides et la protection de la biodiversité Source : Society of Wetland Scientists).
En somme, les zones humides sont des écosystèmes cruciaux qui offrent de nombreux avantages environnementaux, économiques et sociaux. Il est donc essentiel de les protéger et de les gérer de manière durable pour assurer leur survie et la survie des espèces qui en dépendent. La conservation et la gestion durable des zones humides doivent être au cœur des politiques environnementales, et les compétences naturalistes doivent être utilisées pour comprendre, protéger et restaurer ces écosystèmes vitaux.